La mort

Certains chemins se vivent-ils seul ?
Tous les chemins ont-ils d’ailleurs des parties ou des facettes de solitude ?

Ces espaces où l’on sait qu’il serait difficile que quelqu’un nous rejoigne, nous entende, perçoive…

La mort d’un être aimé fait-elle partie de ces espaces ? La mort d’un être aimé ouvre-t-elle une porte sur de l’indicible ? 

Cet homme-là est mort comme il avait vécu, créateur poète charpentier navigateur écrivain menuisier viking amoureux de sa famille… Cela fait plusieurs années et je n’ai pas encore réalisé combien de vie, de beauté, de poésie se sont effacées de mon univers.

Il est un paradoxe : quand les émotions pourraient avoir une telle intensité qu’elles en seraient insupportables, c’est là que tout s’arrête, tout se fige.

Il reste à avancer, à se mouvoir avec ce décalage. Alors, peut-être, si peu bouger. Étau.

 Autoriser le mouvement

Et puis, un jour, quand même, quelques années plus tard, il devient temps d’autoriser à nouveau le mouvement. Sinon, ce serait ce corps-ci que la mort guetterait. 

Elle l’a peut-être fait longtemps d’ailleurs. Guetter.
Mais je sais aujourd’hui que la proie lui a échappé.

Un cri d’alerte silencieux. Le corps qui dit STOP. Sans faire mal. Sans tomber malade. Juste une information. Et puis un enchaînement.
Et la respiration qui apparaît.

Respirer pour rallumer le feu, raviver la foi, souffler sur les braises. 

Breath. Respirer pour que chaque cellule devienne une forge où l’amour se façonne, mariage du feu, du souffle, de la matière et de la cadence, de la fréquence.

Le souffle. « Aimer, même trop, même mal… » Jacques Brel

 Respirer.  

Et voici qu’apparaît l’eau. 

L’eau et le feu peuvent-ils se marier sans que l’eau n’éteigne le feu et sans que le feu n’évapore l’eau ?
Ou bien. L’eau, le souffle et l’électricité.

Eau. Souffle. Électricité. Serait-ce une trinité ? La trinité du corps. Animée et reliée par la conscience, elle laisse alors l’espace à la joie d’être et à la créativité ? 

Les niveaux de joie, de gratitude se sont élevés. 

Bien sûr, tu es mort, tu es parti. Et il n’est nulle parole qui puisse consoler. 

Mais la vie m’honore de sa présence. Et il me sied de l’honorer en retour. Respirer. Danser. Chanter. Rire. 

Nourrir ce corps de la quintessence du meilleur. 

Luc, merci infiniment d’avoir été dans ma vie.

 

Rappelle-moi toujours la démesure d’aimer !

Rappelle-moi de rêver démesuré !

Et rappelle-moi de vivre démesuré !

 

 

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